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CM4 Mail - Notes de cours
Programme
- Les protocoles du mail : SMTP, IMAP, POP
- La lutte contre le spam : Antispam, SPF, DKIM, DMARC
- Les acteurs et l'évolution des forces
Les principes généraux
- Un domaine = une zone de mail
- Une adresse mail : idenfiant@domaine
- Des boîtes à lettres / mailbox : espace disque au nom de 'identifiant' pour chaque compte mail sur le serveur appartenant à 'domaine'
- Le chemin d'un mail :
- MUA - Mail User Agent : client mail (ex Thunderbird, Webmail PHP)
- MSA - Mail Submission Agent : serveur SMTP d'envoi (ex Postfix)
- MTA* - Mail Transfert Agent : succession de serveurs SMTP (ex Postfix)
- MDA - Mail Delivery Agent : Dépôt par un MTA dans une boîte à lettres (ex Dovecot, fdm, sieve)
- MUA : client mail en réception IMAP/POP (ex Thunderbird, Webmail PHP)
Quelques packages
- Zimbra : une suite complète SMTP/IMAP/POP/Webmail, avec par exemple Postfix côté SMTP
- MS Exchange Server on-premises : une suite complète également, basée sur une pile logicielle Microsoft
- MS Exchange Server Cloud, Google suite : hébergement distant d'une suite complète
Éléments techniques
Un ensemble de protocoles en mode texte, le plus souvent utilisés en version TLS. Debug avec netcat
ou openssl s_client
(éventuellement avec -starttls).
Envoi
SMTP : deux rôles, un (presque) même protocole :
- Submission agent
- TCP, écoute sur 587 (clair + STARTTLS), 465 (TLS)
- Reçoit les mails depuis un client MUA
- Les transfère au MTA
- Transfer agent
- TCP, écoute sur le port 25
- Reçoit des mails d'un MSA ou d'un autre MTA
- Les transfère à un MTA ou un MDA
Consultation
- IMAP : Protocole de consultation avec stockage et organisation côté serveur
- POP : Protocole de consultation avec stockage et organisation côté client (et suppression côté serveur)
Architecture
- Sur les postes de travail : les MUA, clients SMTP et IMAP
- Sur un serveur opéré par/pour l'organisation locale :
- Un MSA pour les envois depuis les utilisateurs locaux (au sens réseau ou authentification, à contrôler !), qui ensuite relaie au MTA
- Un MTA pour les envois vers les utilisateurs locaux, qui écoute donc sur l'extérieur, et dépose les mails
- Comment un MSA/MTA trouve-t-il le MTA du domaine cible :
- Champ MX dans la zone DNS
- Un mail envoyé à
toto@acme.org
signifie :- le MTA côté émetteur doit trouver le serveur MX de
acme.org
-> requête DNS - lui envoyer le mail
- le serveur cible le dépose dans la boîte de son utilisateur local
toto
- le MTA côté émetteur doit trouver le serveur MX de
- On a ainsi un système fédéré :
- chaque organisation/domaine s'interconnecte avec les autres, tout le monde peut (en théorie, cf section spam) s'intégrer dans le système et opérer un domaine et ses serveurs SMTP
- mais chaque organisation/domaine est responsable de sa gestion interne
Quelques aspects de sécurité
Le mail est un système peu sécurisé
Ce qui est sécurisé
- On soumet ses mails en SMTP TLS : chiffré du MUA au MSA
- Le MSA est généralement local au MTA : pas de communication réseau
- Les serveurs SMTP discutent de plus en plus en TLS : chiffré entre MTA, mais pas toujours
- On relève ses mails en IMAP TLS : chiffré du MUA au serveur IMAP
Ce qui n'est pas sécurisé
- Pas chiffré de bout en bout mais par parties : chaque serveur intermédiaire accède au clair (Allo Google ?)
- Le chiffrement entre serveurs SMTP n'est qu'opportuniste :
- Cela nécessite que le SMTP client demande du TLS
- Si un certificat valide est présenté, très bien
- Si un certificat non valide est présenté (auto-signé), la plupart l'acceptent encore (il n'y a pas d'interaction utilisateur possible pour accepter/refuser une exception de sécurité)
- Si le serveur dit "je ne fais de TLS !", le client reste en clair
- Cela laisse toute la marge de manœuvre nécessaire à un attaquant
- Conclusion : soit il n'y a pas d'attaquant et la communication sera probablement bien chiffrée (mais son chiffrement était quasi-inutile), soit il y a un attaquant et la communication sera probablement pas/mal chiffrée
- L'authenticité des messages ! Pas de preuve de l'adresse de l'émetteur, les identités sont usurpables par SMTP spoofing
Un peu de lutte contre le SPAM
Le spam est un fléau qui menace l'utilisabilité du mail et, indirectement par les contre-mesures mises en place, le caractère ouvert et fédéré du système mail.
Les filtres :
- Filtrage côté SMTP destination ou côté client MUA
- Analyse du texte, de PJ, d'IP source (bases de réputation)
- À la fois sur le contenu et sur l'éventuelle répétition sur plusieurs connexions (campagne)
- Parfois avec de l'apprentissage
- Risque de faux positifs
- Aboutissent à un système qui responsabilise les SMTP émetteurs : si vous spammez, vos utilisateurs légitimes seront filtrés
- Mais si votre SMTP est classé spam par Google ou MS, vous avez perdu
- Ex SpamAssassin
Le triptyque SPF/DKIM/DMARC
L'usurpation facile d'identité et le besoin de ne pas trop participer aux vagues de spams a amené SPF, DKIM et DMARC comme bonnes pratiques aujourd'hui.
SPF
- Un domaine possède son infrastructure, ses serveurs SMTP
- Les mails se prétendant d'adresses "@CeDomaine.org" devraient logiquement venir de ces SMTP
- => Annoncer dans la zone DNS "CeDomaine.org" un enregistrement SPF déclarant les serveurs autorisés à envoyer en son nom
- Le MSA de "CeDomaine.org" doit authentifier ses utilisateurs, s'assurer qu'il n'autorise à envoyer pour ce domaine que les utilisateurs légitimes. On limite ainsi les usurpations et l'usage de notre nom pour des spams
- Quand un MTA tiers reçoit un mail "@CeDomaine.org", il fait une requête DNS :
- soit il provient du MTA autorisé et il peut l'accepter
- soit il provient d'une autre IP et il devrait le refuser
- Sauf que...
- SPF pas toujours bien configuré
- Gestion pas toujours simple des tiers autorisés (prestataires de mailings commerciaux, mails automatiques, ...)
- Certains réseaux forcent à utiliser l'envoi par leur SMTP local (ex UBS), y compris pour des mails envoyés avec une adresse d'expéditeur externe
- Et des problèmes avec les mailing lists
- Côté réception, on a jamais réussi à filtrer systématiquement sur le SPF, c'est resté une entrée non éliminatoire du filtre anti-spam
- Il faut l'implémenter en envoi, mais ne pas être contraignant en réception...
DKIM
- Un domaine possède son infrastructure, ses serveurs SMTP
- Les mails se prétendant d'adresses "@CeDomaine.org" devraient logiquement venir de ces SMTP
- => Générer une paire de clés cryptographiques, signer avec la clé privée sur ces serveurs, annoncer dans la zone DNS "CeDomaine.org" un enregistrement DKIM déclarant la clé publique autorisée à signer
- Le MSA de "CeDomaine.org" doit authentifier ses utilisateurs, s'assurer qu'il n'autorise à envoyer pour ce domaine que les utilisateurs légitimes. On limite ainsi les usurpations et l'usage de notre nom pour des spams
- Quand un MTA tiers reçoit un mail "@CeDomaine.org", il fait une requête DNS :
- il obtient la clé publique DKIM pour "@CeDomaine.org"
- soit la signature est valide et il peut l'accepter
- soit la signature n'est pas valide et il devrait le refuser
- Sauf que...
- DKIM pas toujours bien configuré
- Gestion pas toujours simple des tiers autorisés (prestataires de mailings commerciaux, mails automatiques, ...)
- Certains réseaux forcent à utiliser l'envoi par leur SMTP local (ex UBS), y compris pour des mails envoyés avec une adresse d'expéditeur externe
- Et des problèmes avec les mailing lists
- Côté réception, on a jamais réussi à filtrer systématiquement sur le DKIM, c'est resté une entrée non éliminatoire du filtre anti-spam
- Il faut l'implémenter en envoi, mais ne pas être contraignant en réception...
DMARC
- Constat que SPF et DKIM sont durs à contraindre
- Le destinataire est en fait mal placé pour refuser systématiquement les échecs SPF/DKIM
- Permettre à l'émetteur de déclarer sa politique, dire à quel point son usage de SPF/DKIM est complet et ce que le destinataire devrait faire en cas d'échec
- Ajouter, en plus, une boucle de rétro-action en cas d'échec SPF/DKIM (adresse mail pour les rapports d'échecs, charge à l'émetteur de distinguer ce qui est un échec normal (une usurpation, donc) et ce qui est une erreur de configuration)
- Un nouvel enregistrement DNS qui dit :
- S'il y a du SPF/DKIM
- Si un échec doit être ignoré (en cours de déploiement), suspect (donc entrée pour antispam) ou rejet du mail
- Sauf que...
- Peu de domaines à ma connaissance osent aller jusqu'à demander le rejet, mais au moins c'est possible
- Toujours les difficultés avec les mailing-lists, les redirections, ... bref, l'historique de l'usage du mail
- Il faut l'implémenter également
De la difficulté à faire évoluer une infrastructure fédérée
Les acteurs
- Plein de petits (chaque domaine peut être autonome, puisque fédéré)
- Quelques très gros (Google, Microsoft)
- Les très gros ont un avantage sur le corpus pour les antispam
- Plus le temps passe, plus il devient difficile d'être un petit :
- De nombreuses règles pour limiter le spam complexifient l'administration, ce qui est bien mais augmente le coût
- Les gros acteurs poussent vers l'usage de meilleures pratiques, ce qui est bien mais augmente le coût
- Les choix des gros acteurs impactent tous les acteurs. Aujourd'hui, le seuil pour maintenir son autonomie mail est de ne jamais être classé spam par Google/Microsoft, sinon on a perdu (les clients partent)
- La lutte contre le spam, légitime, renforce ainsi les plus gros acteurs, qui ont donc un double intérêt dans cette lutte contre le spam...
Ce qu'on va faire en TD
- TD4.1 Mail